
La haute couture du cristal

Corps de ballet
C'est sous la grande halle, l'atelier du verre chaud, que commence la valse savante des hommes autour de la matière furieuse, officiant tel un corps de ballet aux gestes sûrs et longuement répétés, transmis depuis la nuit des temps, pour que se renouvelle à chaque fois le prodige du cristal. La lutte est âpre entre la matière, pesante, et le temps, compté, car le cristal se fige à l'air ambiant.

L'épreuve du feu
Le plus puissant des souffleurs, le visage rougi par les flammes, plonge une lourde canne en fer dans la masse incandescente, brasse cet étrange sucrerie, puis la porte au maître verrier. Celui-ci, debout, façonne la masse de cristal avec une planche de bois. Des étincelles jaillissent.

Torsades
Tout près, un autre tient la canne à souffler, il tord, il creuse, il étire la masse épaisse en une fine torsade. Les hommes rassemblés font glisser le cristal brûlant dans un moule en forme de S, où il se fige instantanément. Voilà : la dernière branche du plus grand lustre jamais sorti des ateliers vient de naître !

Des gestes sûrs
Après avoir subi l'épreuve du feu, la pièce en cristal est séparée de la canne du souffleur par une goutte d'eau. Elle peut alors quitter la grand halle pour rejoindre l'atelier du froid. L'artisan peut alors aborder la taille et l'aspect décoratif de cette coupe exceptionnelle. Sous ses doigts experts, s'esquisse peu à peu le dessin du motif de taille à réaliser. Son geste doit être sûr, son coup d'oeil parfait.

Montage, démontage, remontage...
Dans l'atelier de lustrerie, le montage d'essai du lustre a déjà commencé. Le plan de construction est complexe. Peu à peu, branches, vasques, coupelles habillent le squelette de métal. Du haut de l'échelle, le monteur visse les ampoules et pose les verrines sur les branches. Dans les facettes de chacune des 3000 pièces de cristal qui le composent, on voit le jour, l'or ou l'éclair.