PIERRE CHARPIN



Pierre Charpin et Saint-Louis ont composé une nouvelle collection contemporaine d’art de vivre. De la table à la lumière, en passant par le bar et la décoration, les objets de la collection Cadence sonnent juste. Mise en musique par le trait de Pierre Charpin et née d'une symphonie parfaitement orchestrée par les artisans de la manufacture, la nouvelle collection transversale de Saint-Louis s’inscrit résolument dans l’air du temps.



"Rencontre des lignes, pureté de la matière."
Mots : Sixtine Dubly, extrait de la rubrique Actualités, Facettes 7 – à paraître en juin 2022

PIERRE CHARPIN, LES ACCORDS GÉOMETRIQUES.

Votre travail s’appuie sur la pratique sérielle du dessin, comment procédez-vous ?

Pierre Charpin : Je dessine beaucoup, toujours à la main, et je jette énormément. C’est par ce processus que je découvre le principe plastique de chacun de mes projets. J’aime trouver une idée et tourner autour, travailler par série que ce soient pour les pièces destinées à la galerie kreo ou pour des « dessins de dessins », hors de tous projets. Créer une collection, plusieurs pièces, relève de la série. Pour Saint-Louis, j’ai trouvé ce principe, très simple finalement, de lignes horizontales qui rencontrent des lignes verticales. Cette géométrie fonctionne sur des typologies aussi éloignées que les arts de la table et les luminaires. Elle crée le lien, une ligne, et permet à ces objets de fonctionner, ensemble ou séparément, et de s’inscrire dans un paysage quotidien.


Quelle a été votre approche de la matière cristal, et de la manufacture, que vous connaissiez déjà depuis votre première collaboration avec Saint-Louis, en 2010 autour du Veilleur de nuit?

Pierre Charpin : Pour moi, les idées priment généralement sur la matière. Mais ma rencontre avec Saint-Louis est - et reste - l'exception à cette règle : il était impossible d'ignorer le cristal, ni l'existence de la manufacture, dont j'ai évidemment tenu compte lorsque j'ai commencé à dessiner Cadence. En dessinant, j'avais en tête les gestes des artisans. Les lignes de Cadence qui se croisent et se répètent sont un hommage à la virtuosité du travail de taille. Les manufactures, les ateliers sont toujours des lieux d'émotion. En dessinant, je pensais au paysage local façonné par l'activité cristallière, à la vie du village de Saint-Louis-lès-Bitche, et à son patrimoine vivant. Il y a une certaine rigueur inhérente, voire une ferveur attachée au savoir-faire historique de la manufacture. C’était pour moi très concret, j’avais un sentiment agréable d’utilité en créant des pièces qui disent quelque chose de l’identité de Saint-Louis.


De quelle façon avez-vous abordé la taille ?

Pierre Charpin : Les lignes de Saint Louis sont exigeantes, elles nécessitent une parfaite maîtrise de la taille. Si la ligne dévie un tout petit peu, les verticales ne pourront pas rencontrer les horizontales. C’est assez radical, comme le cristal, comme la taille. Cette géométrie du tailleur évoque aussi la rencontre. J’aime cette idée de matérialiser mes rencontres amicales par des lignes qui se croisent et se suivent un temps puis continuent leurs chemins. Une ligne est par nature infinie, sans fin sans début. Mon design en capture souvent un fragment. Je dois dire que les lignes occupent beaucoup de mon temps et de mes dessins.



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Comment avez-vous envisagé les formes ?

Pierre Charpin : La manufacture a développé par sa longue histoire un ample langage de formes dans laquelle il faut trouver sa place. Après de très nombreux croquis, allers et retours avec mes assistants qui traduisent mes dessins en 3D, j’ai enfin osé raccourcir les pieds des verres qui sont historiquement hauts chez Saint-Louis, et à mon sens trop délicats pour un usage quotidien. Les abat-jours sont nés de cette même envie d’intégrer le cristal à la vie de tous les jours. Je voulais une belle lumière, diffuse et douce, d’où cette idée de jouer avec l’abat-jour, et de faire dialoguer le cristal translucide et le papier opaque.


Comme Saint-Louis, vous êtes reconnu pour l’usage de la couleur, or Cadence est transparente.

Pierre Charpin : La couleur est ici la matière-lumière du cristal, la transparence immatérielle du cristal, sa lumière, que j’ai essayé de retenir, par un dessin de taille, par le papier, qui tous deux font écrans. Tenter d’arrêter la diffraction, la puissance du cristal, crée une tension, une poésie.



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